Liminales
lecture aux '22 de la ZIP', Plaine Page / Zone d'Intérêt Poétique, 22/11/2022
Un grand lavis d’encre de Chine
sans intention autre que laisser l’encre
circuler libre sur le papier
l’encre poussée au pinceau au couteau
le papier plaqué au sol soulevé parfois
l’eau noire à l’odeur si particulière qui s’accorde
aux mouvements intuitifs
d’une main, de l’autre, alternantes ou concordantes
Chorégraphie sans scénographie
l’encre danse
calligraphie sa voie avec et presque sans moi
intervenir sans intention d’esquisses
qui se tracent avec fluidité
Symphonie ocre et noire, entre l’ombre et son effacement
émergence d’une autre vision
orchestrant les éléments en aérienne échappée
sans se soucier de ce qui est possible ou pas
Liminales, leur aventure est irruption
impacts des roches, du végétal, de la pierre brute ou taillée
d’où jaillissent ponts, tours, maisons-cubes ou troglodytes
pêle-mêle imbriquées, compositions surréalistes
Un champ de réalité parmi d’innombrables
Leur nom se place dans ma pensée
Un pan de l’âme qui se dit là
franchissement éphémère et subconscient d’un seuil
Un matin, perception du signal
il ne faut pas laisser la brèche visiteuse
ouverte trop longtemps
mes mains ont acquis un savoir-faire où l’intranquillité ne s’invite plus
Le temps est venu de rendre l’expérience
au silence qui lui a donné corps.
Anny Pelouze