Textes 2021-2022 à propos de la série "Sentiences"
Ivan Dmitrieff, extrait de l'ouvrage
Sentiences - Paroles de l'ouvert
aux éditions unicité, 2021
Déjà le silence ouvre en moi des mondes à l'écoute des Sentiences d'Anny Pelouze.
Lance l'écho des mots dans l'espace de la vision.
Révèle des dimensions du vivant dans les manifestations du sensible et de l'invisible.
Comme si Anny avait ici réalisé de main d'Homme, par l'édifice de ses douze tableaux, une porte d'accès énergétique aux paysages des forces universelles de la lumière.
Expérience entrant aujourd'hui en résonance avec celle, mystique, vécue au Thoronet, lorsque venu pour la première fois dans l'enceinte de l'église romane, le sentiment de me retrouver psychiquement comme projeté dans l'immensité cosmique s'est aussitôt emparé de moi.
De main d'Homme... Le miracle est là ; qui de l'artiste aux bâtisseurs d'étoiles nous éveille à notre identité profonde.
Ivan Dmitrieff, poète,
comédien, metteur en scène
Anny Pelouze, extrait de l'ouvrage
Sentiences - Paroles de l'ouvert
aux éditions unicité, 2021
Ici mon travail de peintre aura été l’ascèse d’une scribe.
Sentiences advenues comme si un lien entre elles mais inconnu de moi les mettait en phase, l’une générant la suivante. Je comprenais progressivement que des lieux entraient en résonance avec un appel insistant d’abondante lumière. Certains connus, aucun ne me semblant étranger. Une connexion imaginaire probablement, mais pas seulement.
Durant plus de trois années, j’ai scruté la toile jusqu’à percevoir ce que j’avais à y tracer, suspendant mon travail, pour des jours, des semaines ou des mois, roulant et déroulant certaines pièces avant de me remettre à l’œuvre. Ces temps d’arrêt signifiaient que je n’étais pas intérieurement en mesure de poursuivre, que je devais attendre le prochain geste habité.
D’étranges ressentis m’ont souvent enthousiasmée. Certains m’ont profondément déstabilisée par une puissance vibratoire à laquelle mon corps n’est pas adapté. Incursions. Expériences où le temps familier passait en arrière-plan, à moins qu’une brèche ne s’y soit entr’ouverte. Mémoires traversantes comme des fils invisibles et sonores. Un lien s’établissait puis tout se refermait, me laissant secouée par cette perception, éprouvant la nécessité sécurisante d’une approche de sens. Des énigmes demeurent et c’est bien ainsi.
Un matin, j’ai compris que je ne devais pas séparer ce cortège de douze toiles libres et de format carré (120x120) : ne pas laisser partir l’une ou l’autre mais toujours les présenter ensemble. Elles devaient, elles ont à voyager.
La dernière touche de peinture révèle le rouge, au cœur de Sentience XII. Comme une transfiguration après le passage du seuil qui la précède...
François Carrassan, 9 juillet 2022,
vernissage de l'exposition Sentiences, Hyères
Anny Pelouze recherche l'énergie des lieux, la force des lieux. Et la force de ce lieu ce n'est plus ici l'histoire, c'est l'origine. On va vers l'origine, le mystère de l'origine, et la peinture d'Anny Pelouze est en résonance avec cette question de l'origine et du mystère. Un peu comme au commencement des choses, c'est-à-dire à l'heure du Chaos. Mais du Chaos au sens des Grecs : ce n'est pas du tout négatif, c'est au contraire la richesse à l'état pur, avant que se produisent les mondes. Et Anny Pelouze a senti, ressenti ça. D'où peut-être le titre qu'elle a choisi pour son travail, celui de 'Sentiences'.
C'est un moment de méditation, c'est un moment de contemplation qu'elle nous offre, qui est en résonance avec la Collégiale et qui permet ici à chacun de mesurer la force de cet édifice, à travers sa peinture.
François Carrassan, adjoint au maire
de Hyères en charge de la culture
Pierre Avrial, juillet 2022,
à propos de l'exposition Sentiences, Hyères
On avait l'intuition, avec Anny Pelouze, que la collégiale St-Paul était vraiment le lieu fait pour ces toiles. C'est un bâtiment gothique, fait de pierre et de lumière, et qui offre un écrin merveilleux aux Sentiences, cette magnifique série de douze toiles. Et ce qui est remarquable pour nous, c'est que c'est la première exposition d'art contemporain à la collégiale St-Paul, et c'est finalement cette rencontre qui a permis de l'organiser.
Pierre Avrial, animateur de l'architecture et du
patrimoine - Ville d'Hyères, commissaire de l'exposition
Anny Pelouze, 9 juillet 2022,
vernissage de l'exposition Sentiences, Hyères
Une évocation de la transfiguration : trans-figuration, figuration ‘au-delà et par’ ce qui est figuré, représenté, nommé déjà… et que l’on croit connaître pourtant…
Richesse infinie, métamorphoses de notre regard qui contribue à être opérant tout ce qui est, ce qui semble. Notre regard peut tout cela lorsqu’il est aimant, ouvert.
Posé sur un arbre, un visage, une situation ou la trace du passage d’un oiseau sur quelques grains de sable du Désert… car cela arrive même au cœur des dunes,
ce regard qui ne s’arrête pas à distinguer l’utile, ni même l’agréable à seule fin de les adapter à soi mais
qui caresse, accompagne, rend sa beauté à toute chose, parce qu’il la ‘voit de l’intérieur’, parce qu’il a appris, cultivé non la séparation mais la connaissance de ce qui est,
ce regard, conscient de la fragilité, de la puissance, de la capacité d’être adoubé par la lumière, celui-là, devenu connaissant,
ouvre l’espace de l’amour, cette vibration haute qu’il nous est donné de laisser résonner en nous pour qu’elle nous
danse, nous respire, nous rapproche de ce qui Est et dont nous sommes,
ce Vivant insondable et mouvement que l’inconnu n’arrête pas mais qui nous enseigne pour l’avoir rencontré
Tout cela en chacune, en chacun de nous… pour que nous apaisions nos vents contraires
et laissions le chant du Monde nous enchanter, nous émonder, nous libérer, nous ensemencer, nous accomplir…
En partage avec vous, ces ‘Sentiences’ que ma main n’a pas été seule à tracer. Ecritures visible et invisible mêlées.
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