sur la série "Episodes", 2007
Leur histoire a débuté dans un lieu particulier, comme un immense cube, un espace de tant de possibles, au cœur d’un village provençal.
Sous le toit de ce lieu d’art et de culture naissant, c’est peut-être bien le souffle du vent qui les a inspirés. Et le vent, c’est bien connu, raconte toutes sortes d’histoires, des histoires venant de partout et nulle part, des histoires qu’il chante, murmure, invente à sa guise…
Alors, je me suis mise à rêver celles qu’il m’apportait ; à les tramer de nouvelles, en brins, en bris, de nouvelles encollées pêle-mêle, réel et imaginaire liés ; à les tisser dans l’écriture de mots ; à restituer des textes froissés par le voyage, délavés par la pluie ; à improviser l’aventure d’images plissées, fendues, lissées, fractionnées.
Après, comme dans ce pays la lumière donne tout, je les ai enluminées d’une manière vagabonde, à coups de pinceaux rebelles à toute ligne régulière. Ou, plutôt, je les ai voilées d’orange, de rouge, parfois de bleu mais surtout, surtout, du doré du soleil. Enfin je les ai striées, cernées de noir qui exalte toute palette mais aussi toute fête, la rendant plus sensuelle en ses brillances et contrastes.
L’abondance de matière a jailli de l’effeuillage de journaux au papier lisse, souple et solide, parfait complice du jeu. Tout un monde que, jour après jour, Le Monde restitue du monde.
A la lisière entre sculpture, collage et peinture, composant d’eux une sorte de synthèse tactile, les Episodes ont pris forme et espace.
Symbolique oblige : il fallait enfin les placer sur un axe pour les orienter, permettre l’alternance de leurs faces. Verticaux, mis en rotation, la fluidité de leurs reliefs coulée entre les lignes droites d’une structure de métal, ils sont sans endroit ni envers.
Pourquoi donc « Episodes » ?
Peut-être parce que chacun d’eux, ayant sa vibration propre, peut aussi s’intégrer à un environnement lui faisant écho ?
Peut-être par lointaine résonance avec le théâtre grec où les épisodes, comme autant de tableaux, déroulaient une action, encadrés par les entrées du chœur…
La seule chose dont je sois certaine est que ce mot s’est invité un matin.
Anny Pelouze
galerie Septentrion, 2007